Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Arthur Dapieve : Black Music

Black Music de Arthur Dapieve  3/5 (22-02-2012)

 

Merci aux Editions Asphalte qui ont eu la gentillesse de me faire parvenir le deuxième roman d’Arthur Dapieve : Black Music (144 pages) sorti en librairie le 12 janvier 2012, dans la collection Fictions.

 


 

L’histoire (éditeur) :


En plein centre de Rio, Michael, jeune Noir américain passionné de jazz et de basket, se fait kidnapper par les membres d'un gang. Détenu dans l'univers angoissant d'une favela, sur fond de guerre de factions, la victime va se faire l'observateur de ce monde inconnu et se lier peu à peu à deux de ses ravisseurs: Musclor, le chef du gang, qui rêve de devenir un rapper célèbre, et Jo, sa petite amie accro au funk, qui dévoile le quotidien d'une jeune femme de seize ans dans la favela. La musique comme passion commune, ces trois personnages vont aller de terreurs en rêves, de fantasmes en résignations.


Mon avis :


Voilà une sacrée découverte que la lecture de ce roman : une lecture qui mêle violence, curiosité,  dégoût et quelques touches d’humour, le tout dans un tout petit roman d’un auteur brésilien qui m’était complètement inconnu : Arthur Dapieve.


L’histoire se passe au Brésil, dans le morro, une favela de Rio de Janeiro. Tout commence en pleine fête de Saint Judes Thadée. C’est l’euphorie, les rues sont bondées, la circulation est difficile presque impossible et c’est là que trois personnes armées, portant des masques de Ben Laden, montent dans un bus et demandent Maïcom Filipi. Cherchent-ils une autre personne ou bien est-ce leur prononciation qui est mauvaise ? Difficile à savoir, mais au dernier rang de ce car, Michael Philips, jeune noir américain de 13 ans, se lève et se fait ainsi enlever dans l’indifférence la plus totale. Au fils du texte, on apprend que ces ravisseurs  ne sont que des amateurs, jeunes adolescentes de 13 à 17 ans, livrés à eux même, paumés, dealers, drogués, voleurs…


La construction du roman est assez particulière : le prologue pose le décor (lieu, temps, ambiance) puis suivent trois parties distinctes dont la narration est à la première personne. On suit les trois personnages principaux qui racontent chacun leurs visions des faits. Tout d’abord Michaël, l’image de l’innocence, qui rêve de basket (du haut de son metre 92) et de jazz. Ensuite le récit de Musclor, kidnappeur qui ne souhaite que devenir un célèbre rappeur, nous livre (sous forme de rapp) son point de vue, son quotidien, son avenir. Et enfin, Jo, petite amie de Musclor, dont la vie se résume au Funk, Musclor (dont elle veut un enfant) et aux plaisirs charnels.  Ces trois récits font doucement avancer l’intrigue et le huis clos progresse dans le temps jusqu’au dénouement. Michael apprend à connaître ses ravisseurs, et se rapprocher d’eux mais jusqu’à quel point ? Même si une amitié se forme entre Musclor et Michaël (liés par l’amour de la musique) la fatalité de la vie dans les favélas, qui ne tient finalement qu’à peu de chose,  aura raison de leur idéaux. 

 

Ce livre m’a un peu retournée. La perte d’innocence qui est transmise à travers ces trois enfants, est violente et à l’image du monde dans lequel vivent les jeunes des favélas. Cette violence et cette haine ne sont pas seulement envers leur entourage (police, gangs rivaux, kidnappé…) mais également envers eux-même (sexe sans amour, drogue, jeunesse désabusée…). Le récit est court et pourtant assez dense, les propos crus et le style trash va crescendo. L’histoire de Jo et sa sœur m’a particulièrement touchée, à la limite du dégoût devant son détachement quant à sa vie qu’elles mènent.

 

J’ai trouvé ce texte très sombre et même triste.  C’est difficile de découvrir cette jeunesse bercée par la musique qui ne semble pas avoir d’avenir, ou du moins un avenir trop vite avorté. Black Music est un récit intéressant à trois voix où innocence et candeur sont associées à cruauté, désespoir et absurdité. Bref une narration originale qui commence dans la fête (chrétienne) et fini…le tout sur fond de musique. La playliste de ce livre est d'ailleurs disponible sur le site asphalte-editions.

 

Pour information : demain soir, vendredi 24 février à 18 heures 30, vous pourrez avoir la chance de rencontrer l’auteur Arthur Dapieve à la librairie Folie d’encre de Montreuil (9 avenue de la Résistance 93100 Montreuil Tél. : 01 49 20 80 00).

 

Le 17 mars, il sera également disponible de le recontrer au stand Gouvernement Brésilien W66 de 12 h à  14h lors du salon du livre de Paris.

 

 



23/02/2012
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