Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Daniel Pennac : le roman d'Ernest et Célestine

Le roman d'Ernest et Célestine de Daniel Pennac 5 /5 (23-02-2013)

 

Le roman d'Ernest et Célestine (200 pages), est sorti aux Editions Casterman le 3 octobre 2012. la version dessin-animé est sortie le 12 décembre 2012.

   

 

L’histoire (éditeur) :

 

Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi…

 

Mon avis :

 

Voilà une petite pépite ! Petite, parce que le format de ce livre est tout mimi (mais pas trop petit : 14 par 19 centimètres), avec une couverture semi rigide et un fil marque page qui lui donnent beaucoup de style. Et pépite, parce qu’il est absolument génial !

Ah bon, à ce point-là ? et oui, j’ai adoré ce livre. Pour ceux qui connaissent les personnages, je tiens à préciser que Daniel Pennac est plus que fidèle est leur image, leur personnalité et leur univers. C’est un roman-hommage qu’il a souhaité rendre à la créatrice d’Ernest et Célestine, Gabrielle Vincent (amie épistolaire de l’auteur disparue en 2000), et c’est une réussite !

 

Pour ceux qui ne connaissent pas encore ces deux-là, laissez-moi vous les présenter. Célestine est un petite souris qui vit dans le monde d’en bas. Destinée à devenir dentiste (d’où son sac à dos blanc), elle ne voit pourtant son avenir que dans la peinture et le dessin, car c’est une talentueuse petite souris pleine de vie et au caractère bien trempé. Ernest, est un ours qui vit dans le monde du haut. Lui, aurait dû être juge mais sa passion c’est la musique et comme il a des chansons plein la tête, ça tombe plutôt bien. Ernest et Célestine ne se connaissent pas, car le monde du bas ne se mélange pas avec le monde du haut (et inversement), mais bon…. Le roman d'Ernest et Célestine est le roman de leur (impensable) rencontre, leur (mes)aventure commune, leur amitié…leur naissance tout simplement.

 

Destiné aux jeunes dès 9 ans, le roman d'Ernest et Célestine devrait également ravir les adultes. Facile à lire et agréable à raconter, c’est une grande bouffée d’air frais, un bon moment de tendresse très bien raconté. Le récit mélange agréablement les genres et les styles. La narration est ponctuée de commentaires des personnages, de l’auteur et même du lecteur qui viennent interrompre le fil de l’histoire pour y apporter précisions, réflexions, ou des fois rien du tout, mais qui font bien souvent sourire et donnent du peps au récit. J’ai adoré cette particularité narrative.

 

« Ernest : Ah ! non, l’Auteur, tu ne vas pas raconter ça, c’est trop abominable !

Célestine : Ernest a raison, on ne pourrait pas sauter ce chapitre ?

Le lecteur : Pas question ! moi je veux l’histoire tout entière, avec tous ses chapitres !

Ernest : Qui c’est, celui-là ?

L’Auteur : C’est le Lecteur, Ernest, celui pour qui j’écris l’histoire.

Ernest : Qui ça ?

Le Lecteur : ne vous fatiguez pas, Ernest sait parfaitement qui je suis. Je suis le Lecteur et je veux l’histoire avec tous ses chapitres !

Célestine : Même si certains son affreusement tristes ?

Le Lecteur : Tous les chapitres, Célestine, je les veux tous ! tristes ou gais, je les veux tous ! c’est mon histoire.

Ernest : Dis donc, le Lecteur, tu pourrais te mettre à notre place quand même, parce que le chapitre suivant, il est vraiment abominable !

Le lecteur : Mais je suis à votre place, Ernest : si vous riez, je ris, si vous pleurez, je pleure, et si vous avez peur, j’ai peur.

Ernest : Dans ce cas, il faut sauter le chapitre suivant, il fait vraiment trop peur !

Le lecteur : Je le sauterais si je veux. Et puis, réfléchis un peu, Ernest, pour que je puisse sauter un chapitre, il faut qu’il soit écrit.

Ernest : Alors, ça va être abominable ! »  (page 65-66-67)

 

L’écriture de Pennac est limpide et très visuelle. Il a magnifiquement retranscris l’univers original d’Ernest et Célestine. C’est tendre, frais, drôle, léger et sérieux en même temps, à l’image des albums jeunesses. Et puis, comme tout bon livre jeunesse qui se respecte, il a son petit côté moralisateur qui n’est pas pour me déplaire : le respect et l’acception de l’Autre. Le roman d'Ernest et Célestine est l’histoire d’une amitié qui va au-delà des frontières, des différences et des préjugés, qui prône la tolérance tout simplement.

 

En bref : un roman plein de péripéties qui fait vraiment plaisir à lire (à soi et aux autres).

 

« Il parait que le bonheur ne se raconte pas. Il parait que c’est très ennuyeux, le bonheur. Il parait qu’il ne se passe rien chez les gens heureux. Ils sont heureux et puis c’est tout. Comme si le temps c’était arrêté. Rien à raconter, à ce qu’on dit. Je ne suis pas de cet avis. Mais alors pas du tout ! Je pense même que si on devait raconter tout le bonheur d’Ernest et Célestine il faudrait des milliers de pages. Parce que le bonheur c’est à la fois immense et minuscule. Pour décrire l’immense bonheur d’Ernest et Célestine, c’est facile, il suffit d’une phrase : « Ernest et Célestine était immensément heureux. » Voilà c’est fini. Mais pour décrire les mille et un petits bonheurs de ce bonheur immense, alors là, il faudrait un énorme livre ! » page 113

 

Alors Monsieur Pennac, je vous invite à nous livrer encore des milliers de livres  pour nous conter les milliers de bonheurs de la vie trépidante d’Ernest et Célestine ! 

 

 

                    



23/02/2013
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